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joyeuses ou passions tristes. Encore une fois Spinoza dénonce un complot dans l’univers de
ceux qui ont intérêt à nous affecter de passions tristes. Le prêtre a besoin de la tristesse de
ses sujets, il a besoin que ses sujets se sentent coupables. Je n’ai pas encore défini ce qu’est
la puissance d’agir. Les auto-affections ou affects actifs supposent que nous possédions notre
puissance d’agir et que, sur tel ou tel point, nous soyons sortis du domaine des passions pour
entrer dans le domaine des actions. C’est ce qui nous reste à voir.
Comment pourrions-nous sortir des idées-affection, comment pourrions-nous sortir des
affects passifs qui consistent en augmentation ou diminution de notre puissance d’agir, com-
ment pourrions-nous sortir du monde des idées inadéquates une fois dit que notre condition
semble nous condamner strictement à ce monde ? C’est par là qu’il faut lire l’Éthique comme
préparant une espèce de coup de théâtre. Il va nous parler d’affects actifs où il n’y a plus de
passions, où la puissance d’agir est conquise au lieu de passer par toutes ces variations con-
tinues. Là, il y a un point très strict. Il y a une différence fondamentale entre éthique et morale.
Spinoza ne fait pas de la morale, pour une raison toute simple : jamais il ne se demande ce
que nous devons, il se demande tout le temps de quoi nous sommes capables, qu’est-ce qui
est en notre puissance ; l’éthique c’est un problème de puissance, c’est jamais un problème
de devoir. En ce sens Spinoza est profondément immoral. Le problème moral, le bien et le
mal, il a une heureuse nature parce qu’il ne comprend même pas ce que ça veut dire. Ce qu’il
comprend, c’est les bonnes rencontres, les mauvaises rencontres, les augmentations et les
diminutions de puissance. Là, il fait une éthique et pas du tout une morale. C’est pourquoi il a
tant marqué Nietzsche.
Nous sommes complètement enfermés dans ce monde des idées-affection et de ces varia-
tions affectives continues de joie et de tristesse, alors tantôt ma puissance d’agir augmente,
d’accord, tantôt elle diminue ; mais qu’elle augmente ou qu’elle diminue, je reste dans la pas-
sion parce que, dans les deux cas, je ne la possède pas, je suis encore séparé de ma puissance
d’agir. Alors quand ma puissance d’agir augmente ça veut dire que j’en suis relativement moins
séparé, et inversement, mais je suis séparé formellement de ma puissance d’agir, je ne la pos-
sède pas. En d’autres termes, je ne suis pas cause de mes propres affects, et puisque je ne
suis pas cause de mes propres affects, ils sont produits en moi par autre chose : je suis donc
passif, je suis dans le monde de la passion. Mais il y a les idées-notion et les idées-essence.
La notion, mode de pensée adéquat dû à la compréhension de la cause
C’est déjà au niveau des idées-notion que va apparaître une espèce d’issue dans ce monde.
On est complètement étouffé, on est enfermé dans un monde d’impuissance absolue, même
quand ma puissance d’agir augmente, c’est sur un segment de variation, rien ne me garantit
que, au coin de la rue, je ne vais pas recevoir un grand coup de bâton sur la tête et que ma puis-
sance d’agir va retomber. Vous vous rappelez qu’une idée-affection, c’est l’idée d’un mélange,
c’est-à-dire l’idée d’un effet d’un corps sur le mien.
Une idée-notion ne concerne plus l’effet d’un autre corps sur le mien, c’est une idée qui con-
cerne et qui a pour objet la convenance ou la disconvenance des rapports caractéristiques
entre les deux corps.
Si il y a une idée telle – on ne sait pas encore si il y en a, mais on peut toujours définir quelque
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chose quitte à conclure que ça ne peut pas exister –, c’est ce qu’on appellera une définition
nominale. Je dirais que la définition nominale de la notion c’est que c’est une idée qui, au lieu de
représenter l’effet d’un corps sur un autre, c’est à dire le mélange de deux corps, représente
la convenance ou la disconvenance interne des rapports caractéristiques des deux corps.
Exemple : si j’en savais assez sur le rapport caractéristique du corps nommé arsenic et sur
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